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12 janvier 2015 – Tuerie Charlie : violence et influence, action et communication

Une fois épuisées les vertus de la catharsis des grandes manifestations en hommage aux victimes des récentes attaques terroristes, il est temps d’analyser lucidement la situation. Au-delà des aspects techniques relatifs au renseignement et à la lutte antiterroriste, c’est à l’articulation entre violence et influence, action et communication, qu’il convient ici de s’attacher. Deux intéressantes approches, émanant de spécialistes reconnus du renseignement, viennent d’être publiées. La première émane d’Eric Denécé et du CF2R (Centre français de recherche sur le renseignement – www.cf2r.org), la seconde de Xavier Guilhou (www.xavierguilhou.com). L’un comme l’autre mettent en évidence la cohérence qui unit ici action tactique, volonté stratégique, maîtrise des rouages psychologiques et préemption du champ médiatique. L’action terroriste est bien plus subtile qu’il n’y paraît de prime abord, elle est polymorphe et joue admirablement de nos faiblesses intellectuelles et émotionnelles. A cet égard, il y a fort à craindre que le registre compassionnel sur lequel jouent nos « élites » ne facilite grandement les visées de nos ennemis. Ces derniers viennent indubitablement de remporter la première manche explique ainsi Xavier Guilhou, expert en gestion de crise, ne serait-ce que parce que nous venons de leur « redonner un statut mondial et quasi étatique en termes de reconnaissance alors qu’il s’agit d’une bande de criminels et de mafieux qui usent et abusent de la terreur partout où leur signature s’est imposée ». Il y a fort à craindre qu’enfermés dans leurs certitudes comme dans leur dogmatisme, incapables de penser sur le mode stratégique tout comme ils sont impuissants à penser les faits dans leur cruelle réalité, nos gouvernants et nos « élites » ne perçoivent absolument pas le jeu de la communication et de l’influence dans la logique terroriste. Lire la suite

 

26 décembre 2014 – L’affaire Alstom : des jeux d’influence très troubles

Racket américain et démission d’Etat – Le dessous des cartes du rachat d’Alstom par General Electric C’est sous ce titre sans ambiguïté que Leslie Varenne et Eric Denécé ouvrent le Rapport de Recherche n° 13 de décembre 2014 du CF2R (Centre français de recherche sur le renseignement – www.cf2r.org). Si les faits sont avérés, il s’agit là d’une véritable affaire d’État, qui nous intéresse ici à double titre : d’une part parce que les intérêts supérieurs de notre pays sont touchés ; d’autre part parce que l’on y décèle en arrière-plan des jeux extrêmement troubles d’influence, dans le plus mauvais sens du terme, tels qu’on sait si bien les activer outre-Atlantique… Décortiquer soigneusement cette affaire, comme l’ont fait les chercheurs du CF2R, permet de mieux comprendre les enjeux de cette terrible Guerre économique que Pascal Gauchon a parfaitement mis en relief dans le dernier numéro de la revue Conflits (http://www.revueconflits.com/), commenté à la mi-décembre sur ce blog. Regardons donc de plus près : dans cette affaire Alstom, qui concerne les plus hautes autorités de l’État, quels sont les faits ? Lire la suite

 

17 décembre 2014 – La guerre économique est bel et bien là

« La paix est un souhait, la guerre est un fait ». C’est par un éditorial choc que Pascal Gauchon, rédacteur en chef de Conflits, revue de géopolitique aussi audacieuse que sérieuse – www.revueconflits.com – ouvre le dossier de la guerre économique. Normalien, directeur de la collection Major destinée aux grandes écoles (PUF, Presses universitaires de France), cofondateur du Festival de géopolitique de Grenoble, Pascal Gauchon a regroupé de multiples contributions pour ce numéro hors-série qui ne pratique pas la langue de bois. Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de guerre économique et l’un des pionniers de l’intelligence économique, explique ainsi clairement que pour avoir un devenir, encore nous faut-il réapprendre à penser en termes de puissance. La guerre économique est à ses yeux « l’expression extrême des rapports de force non militaires. Si l’on essaie de hiérarchiser les rapports de force, les deux qui me paraissent les plus importants dans l’histoire de l’humanité tiennent à la guerre et à l’économie. Cela ne veut pas dire qu’il n’en existe pas d’autres – culturels, religieux, diplomatiques… Mais ce sont ces deux formes de guerre qui comptent le plus si l’on regarde l’histoire longue, les autres passent au second plan, sont moins lourdes. » Lire la suite

 

26 septembre 2014 – Business et « mercenaires » : les nouvelles perceptions

La sémantique évolue en même temps que les situations géopolitiques. Deux revues françaises de bonne tenue ont, cet été, ouvert des dossiers sur des thématiques qui d’ordinaire intéressent peu nos concitoyens, mais qui se révèlent cependant emblématiques des nouveaux enjeux. Le très non-conformiste et brillant trimestriel de géopolitique, Conflits, récemment lancé par Pascal Gauchon, a consacré son second numéro au thème Les nouveaux mercenaires, avec une analyse réaliste du rôle que jouent les sociétés militaires privées (SMP). Dans le même temps, Défis, la pertinente revue de l’INHESJ (Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice), sous l’égide de Cyrille Schott et d’Eric Delbecque,  se penchait, pour son second numéro elle aussi, sur la question du Business en milieu hostile : la protection des entreprises à l’international. Deux approches différentes, avec des intervenants de grande qualité, pour une même préoccupation : comment défendre nos intérêts sur une scène internationale toujours plus mouvante et violente ? Au contraire des apparences, la question n’est pas que d’ordre technique. Elle intègre des paramètres liés à la perception des situations. En l’occurrence, les mots que l’on emploie, les messages que l’on répercute, les images qui sont perçues ne sont pas innocents. Les stratégies de communication d’influence accompagnent ici nécessairement les actions sur le terrain de ceux qui ont en charge la protection de nos intérêts dans des zones à hauts risques.  Lire la suite

 

24 juin 2014 – Stratégie, puissance et influence : les clés de la renaissance française

« Peut-être avons-nous jeté un peu vite aux oubliettes de l’Histoire cet acharnement du général de Gaulle à préserver la France des influences extérieures qui pouvaient avoir une incidence négative sur sa destinée. » Ce constat est dressé par Christian Harbulot, l’un des meilleurs spécialistes français de l’intelligence économique, dans son tout dernier ouvrage, Sabordage – Comment la France détruit sa puissance (Editions François Bourin, avril 2014, 140 p., 14 €). Il amène bien évidemment à une réflexion de fond sur la capacité qui est la nôtre aujourd’hui à poursuivre notre histoire. Avons-nous seulement la volonté de vivre ? Avons-nous seulement le courage de regarder le monde de façon lucide ? Il est permis d’en douter. Pour résister aux influences extérieures néfastes, il faudrait encore faire preuve d’un certain pragmatisme, se traduisant dans les faits par l’affirmation tranquille d’une volonté de puissance. Pour le fondateur de l’Ecole de guerre économique, il est des règles immuables. Même « au XXIe siècle, la survie d’un peuple reste toujours conditionnée par la capacité d’un Etat à résister aux menaces extérieures et intérieures. Tourner le dos à la puissance, c’est prendre tout simplement le risque d’être soumis au diktat d’une puissance étrangère ou de sombrer dans le chaos en cas de désintégration de la société civile. »  Il est clair que notre pays ne peut faire l’économie d’une réflexion sur son devenir stratégique, et qu’il ne pourra exercer d’influence s’il ne recouvre pas au préalable sa puissance. Son existence même en dépend. Il s’agit là d’un choix vital, au sens premier du terme. Lire la suite

 

18 juin 2014 – Force du paradoxe, stratégie et jeux d’influence

« Pourquoi les meilleures intentions aboutissent si souvent à produire leur contraire ? Pourquoi les espoirs les plus fondés débouchent-ils sur des résultats inversés ?  Pourquoi le bel amour se mue-t-il en cauchemar ? Pourquoi l’Internet libertaire viole-t-il au final les libertés individuelles ? Pourquoi les idéaux révolutionnaires enfantent-ils l’autoritarisme ? Pourquoi des équipes autrefois soudées par les valeurs d’un projet se délitent-elles ? »… On pourrait multiplier à l’infini ces interrogations. Car comme le notent Pierre Fayard et Eric Blondeau, « la liste de ces paradoxes bien connus est sans limite, mais pourquoi et comment fonctionnent-ils ? ». Spécialiste de stratégie et fin connaisseur de la pensée de Sun Tzu, professeur des universités à l’Institut d’Administration des Entreprises de Poitiers, Pierre Fayard vient de signer avec Eric Blondeau, spécialiste des mécanismes comportementaux et décisionnels, La force du paradoxe – En faire une stratégie ? (Dunod, 255 p., 22 €), un ouvrage qui intéressera ceux qui cherchent à comprendre les mécanismes des jeux d’influence dans les relations humaines.  Lire la suite

 

22 mai 2014 – Force des idées, think tanks et jeux d’influence

De quoi les think tanks sont-ils le nom ? Se révèlent-ils à nous comme des lieux où l’on pense, où l’on fait germer des idées ? Où ne sont-ils en réalité rien d’autre que des officines de manipulation de l’opinion ? En quoi se différencient-ils des cercles, clubs, ateliers, réseaux, observatoires et autres lieux de réflexion et de production de connaissances ? Les définitions des think tanks sont aussi nombreuses qu’incertaines. Et c’est justement le mérite de François-Bernard Huyghe de mettre de l’ordre et du sens dans ce maelström avec un petit livre qui a connu peu d’écho médiatique mais dont l’intérêt est immense pour qui s’intéresse aux jeux d’influence, un petit livre au titre éloquent : Think tanks, quand les idées changent vraiment le monde (Vuibert, 2013, 157 p., 19 €). On ne dira jamais assez à quel point François-Bernard Huyghe, médiologue, docteur en sciences politiques et chercheur à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), mène depuis des années un combat d’une rare intelligence dans la sphère de l’influence, s’imposant sans nul doute comme l’un des meilleurs analystes en ce domaine. Il en donne une nouvelle fois la preuve magistrale. Lire la suite

 

12 mai 2014 – Jacques Hogard et les actions d’influence dans les opérations extérieures

Saint-Cyrien, ayant servi dans l’Infanterie de marine, le général Jacques Hogard (1918-1999) est sans conteste l’une des plus hautes figures de l’école française de contre-insurrection. Moins connu médiatiquement que David Galula qui mit son savoir-faire au service des cercles d’influence américains, Jacques Hogard s’est imposé dès les années 1950-1960 – avec Roger Trinquier, Charles Lacheroy, Jean Nemo et quelques autres officiers – comme l’un des pionniers militaires des stratégies d’influence en matière d’opérations extérieures. C’est donc tout le mérite de Mériadec Raffray que de lui avoir consacré une étude détaillée : Général Jacques Hogard – Stratège de la contre-insurrection (Economica, janvier 2014, 124 p., 19 €).  Lire la suite

 

4 mai 2014 – Géopolitique et jeux d’influence : lancement de la revue Conflits

Excellente initiative que celle de Pascal Gauchon de lancer Conflits, une revue trimestrielle de géopolitique critique qui retiendra l’attention de tous ceux qui s’efforcent de cerner et comprendre les jeux d’influence sur la scène internationale. « La géopolitique ne s’est-elle pas imposée comme la culture générale du monde moderne ? Aussi est-elle à la mode » constate Pascal Gauchon qui s’en réjouit, mais prévient cependant : « il ne faudrait pas que, en devenant populaire, la géopolitique se banalise. » Pour qu’elle ne soit ni instrumentalisée ni noyée dans l’océan des « bons sentiments », Pascal Gauchon propose que cette approche géopolitique intègre le temps long, les horizons lointains, l’imprévu, le terrain. Bref, qu’elle s’impose de manière globale, intégrant les réalités, prenant en compte les identités, remettant en doute nombre de pseudo-certitudes. En un mot, qu’elle soit une géopolitique du conflit, d’où le nom donné à la revue. Lire la suite

 

12 mars 2014 – Erik L’Homme : livres pour la jeunesse, imaginaire et influence

Erik L’Homme est sans conteste l’un des meilleurs écrivains français pour la jeunesse. Il le prouve à nouveau en publiant début mars un petit livre qui fera rêver les jeunes et les moins jeunes, Le regard des princes à minuit. Une histoire qui met en scène des jeunes gens aux prises avec sept épreuves initiatiques, pour une confrontation avec eux-mêmes, dans des cadres mystérieux qui vont de la forêt de Brocéliande à Notre-Dame de Paris. Auteur fétiche des éditions Gallimard Jeunesse, Erik L’Homme sait toute la force de l’imaginaire, en particulier aux âges où l’on veut découvrir le monde en même temps que soi-même. Dans le préambule de son dernier ouvrage, il souligne : « Si le propre de la jeunesse est de se révolter (parfois avec raison), celui du système reste d’enfermer ces révoltes dans des impasses, de les canaliser, de les détourner à son profit. Les révoltes finissent toutes par être digérées – certaines moins bien que d’autres. Les insurrections essentielles ne naissent pas toujours d’affrontements directs, mais parfois de l’exploration d’autres voies : tourner le dos, s’éloigner, montrer que l’on n’est pas dupe, donner du sens à ce qui nous entoure et nous arrive, un sens différent de celui de l’air du temps ; voilà ce que le système ne supporte pas. » Un résumé de ce que pourrait être l’esprit de l’influence ? Lire la suite

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