17 décembre 2014 – La guerre économique est bel et bien là
Publié le 17 décembre 2014 par Bruno Racouchot
« La paix est un souhait, la guerre est un fait ». C’est par un éditorial choc que Pascal Gauchon, rédacteur en chef de Conflits, revue de géopolitique aussi audacieuse que sérieuse – www.revueconflits.com – ouvre le dossier de la guerre économique. Normalien, directeur de la collection Major destinée aux grandes écoles (PUF, Presses universitaires de France), cofondateur du Festival de géopolitique de Grenoble, Pascal Gauchon a regroupé de multiples contributions pour ce numéro hors-série qui ne pratique pas la langue de bois. Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de guerre économique et l’un des pionniers de l’intelligence économique, explique ainsi clairement que pour avoir un devenir, encore nous faut-il réapprendre à penser en termes de puissance. La guerre économique est à ses yeux « l’expression extrême des rapports de force non militaires. Si l’on essaie de hiérarchiser les rapports de force, les deux qui me paraissent les plus importants dans l’histoire de l’humanité tiennent à la guerre et à l’économie. Cela ne veut pas dire qu’il n’en existe pas d’autres – culturels, religieux, diplomatiques… Mais ce sont ces deux formes de guerre qui comptent le plus si l’on regarde l’histoire longue, les autres passent au second plan, sont moins lourdes. »
La guerre économique a existé de tout temps, comme l’explique Frédéric Munier, pour qui « la fin de la guerre ne périme pas les politiques de puissance ; elle les déplace du terrain militaire vers le terrain économique. » Mais il est vrai qu’aujourd’hui, la guerre économique se trouve poussée à son paroxysme. Entre 2006 et 2008, 3 000 entreprises françaises ont ainsi subi des assauts en règle. Bernard Quirin donne une liste aussi concrète qu’impressionnante d’attaques menées par des prédateurs qui se révèlent parfois être des Etats. La guerre se fait pour les matières premières, comme l’explique Olivier Zajec – pour le platine par exemple comme le démontre Apoli Bertrand Kameni – pour des technologies comme le met en relief Jean-Marc Huissoud, à travers les règles juridiques et des normes comme le soulignent Olivier de Maison Rouge et John Mackenzie, ou encore via l’informatique comme le dépeint Frédéric Raynal, voire via les monnaies comme le prouvent Denis Kessler et David Colle… Pascal Lorot décortique l’enjeu des traités transatlantique et pacifique, pendant qu’Alain Juillet met en relief le recours que peut constituer dans un tel cadre l’intelligence économique – et au premier plan la communication d’influence. Le dernier texte proposé est tout aussi réaliste qu’inquiétant. Car Hervé Juvin pose avec finesse la question du glissement qui conduit de la guerre économique à la guerre intégrale. Excessif ? Malheureusement non. A cet égard, il n’est pas inutile de rappeler qui est l’auteur de la phrase lapidaire « La paix est un souhait, la guerre est un fait » rappelée en exergue du n° par Pascal Gauchon : il s’agit d’Oswald Spengler, un philosophe allemand qui se fit connaître au début du siècle dernier par un ouvrage au titre visionnaire, Le déclin de l’occident…
Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence
Conflits hors-série n° 1– Nous sommes en guerre économique
Tags: Alain Juillet > Apoli Bertrand Kameni > Bernard Quirin > Bruno Racouchot > Christian Harbulot > Communication d'influence > conflits > David Colle > de la guerre économique à la guerre intégrale > Denis Kessler > Ecole de Guerre Economique > Festival de géopolitique de Grenoble > Frédéric Munier > Frédéric Raynal > Géopolitique > Guerre économique > Hervé Juvin > Intelligence économique > Jean-Marc Huissoud > John Mackenzie > La paix est un souhait la guerre est un fait > Le déclin de l'occident… > Olivier de Maison Rouge > Olivier Zajec > Oswald Spengler > Pascal Gauchon > Pascal Lorot > politiques de puissance > PUF Presses universitaires de France > Puissance et influence > traités transatlantique et pacifique