12 mai 2014 – Jacques Hogard et les actions d’influence dans les opérations extérieures

Publié le 12 mai 2014 par Bruno Racouchot

Saint-Cyrien, ayant servi dans l’Infanterie de marine, le général Jacques Hogard (1918-1999) est sans conteste l’une des plus hautes figures de l’école française de contre-insurrection. Moins connu médiatiquement que David Galula qui mit son savoir-faire au service des cercles d’influence américains, Jacques Hogard s’est imposé dès les années 1950-1960 – avec Roger Trinquier, Charles Lacheroy, Jean Nemo et quelques autres officiers – comme l’un des pionniers militaires des stratégies d’influence en matière d’opérations extérieures. C’est donc tout le mérite de Mériadec Raffray que de lui avoir consacré une étude détaillée : Général Jacques Hogard – Stratège de la contre-insurrection (Economica, janvier 2014, 124 p., 19 €). 

Dès l’Indochine, et plus encore lors du conflit algérien, Jacques Hogard dissèque soigneusement les techniques de conquête et de contrôle des populations utilisées par les révolutionnaires et construit simultanément des modèles de stratégies de contre-influence à leur opposer. La palette est large des voies proposées, depuis les plus grises jusqu’aux plus positives. Comme le souligne le général Bertrand de La Presle dans la préface de l’ouvrage, sur les brisées de Lyautey, Hogard est « persuadé que l’action de force militaire n’a de sens qu’au service d’un but politique clairement exprimé, à la réalisation duquel convergent les efforts de toutes les composantes civiles et militaires de l’opération, dans une vision globale et partagée de l’objectif final poursuivi. » Une manière de confirmer ce que nous ne cessons d’écrire dans Communication & Influence, à savoir qu’il ne peut y avoir de stratégie d’influence sans définition et affirmation d’une stratégie tout court.

Historien, officier de réserve et journaliste, Mériadec Raffray s’est fait connaître dès 2010 en publiant Afghanistan, les victoires oubliées de l’Armée rouge, (lauréat du 1er prix des Cadets décerné par les élèves des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan – voir ci-dessous le lien pour accéder à sa tribune dans Communication & Influence) et en 2013, en délivrant une analyse pertinente sur le thème Touaregs, la révolte des Hommes bleus. Pour lui, les leçons de Jacques Hogard sont d’une complète actualité, à condition que l’on fasse l’effort de les transcrire et de les adapter à notre monde contemporain et aux nouvelles menaces. « L’exercice est d’autant plus aisé qu’au fil de la lecture de ses écrits, on se surprend à établir naturellement des parallèles entre sa pensée et les conflits récents, comme la première guerre d’Afghanistan (1979-1989), voire avec les affrontements les plus récents, les guerres d’Irak, d’Afghanistan ou encore celle de la Colombie contre la rébellion des narco-terroristes Farcs. Incontestablement, la doctrine Hogard ouvre des perspectives étonnamment modernes aux travaux de recherche en cours sur la subversion, la rébellion ou même le terrorisme. » A l’heure de l’émergence de nombreuses crises géopolitiques aux portes de l’Europe, c’est là une doctrine à redécouvrir d’urgence !

Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence

Général Jacques Hogard – Stratège de la contre-insurrection

Voir la tribune signée par Mériadec Raffray en 2010 dans Communication & Influence et le portrait que nous avions fait alors du général Jacques Hogard

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