24 juin 2014 – Stratégie, puissance et influence : les clés de la renaissance française
Publié le 24 juin 2014 par Bruno Racouchot
« Peut-être avons-nous jeté un peu vite aux oubliettes de l’Histoire cet acharnement du général de Gaulle à préserver la France des influences extérieures qui pouvaient avoir une incidence négative sur sa destinée. » Ce constat est dressé par Christian Harbulot, l’un des meilleurs spécialistes français de l’intelligence économique, dans son tout dernier ouvrage, Sabordage – Comment la France détruit sa puissance (Editions François Bourin, avril 2014, 140 p., 14 €). Il amène bien évidemment à une réflexion de fond sur la capacité qui est la nôtre aujourd’hui à poursuivre notre histoire. Avons-nous seulement la volonté de vivre ? Avons-nous seulement le courage de regarder le monde de façon lucide ? Il est permis d’en douter. Pour résister aux influences extérieures néfastes, il faudrait encore faire preuve d’un certain pragmatisme, se traduisant dans les faits par l’affirmation tranquille d’une volonté de puissance. Pour le fondateur de l’Ecole de guerre économique, il est des règles immuables. Même « au XXIe siècle, la survie d’un peuple reste toujours conditionnée par la capacité d’un Etat à résister aux menaces extérieures et intérieures. Tourner le dos à la puissance, c’est prendre tout simplement le risque d’être soumis au diktat d’une puissance étrangère ou de sombrer dans le chaos en cas de désintégration de la société civile. » Il est clair que notre pays ne peut faire l’économie d’une réflexion sur son devenir stratégique, et qu’il ne pourra exercer d’influence s’il ne recouvre pas au préalable sa puissance. Son existence même en dépend. Il s’agit là d’un choix vital, au sens premier du terme.
Christian Harbulot plaide pour un retour un réalisme. Et il nous invite à changer de grille de lecture pour bien comprendre le monde qui est le nôtre, car même nos prétendus alliés sont de fait nos adversaires. Les luttes d’influence se conjuguent avec les assauts informationnels pour des enjeux capitaux, tant géopolitiques que géoéconomiques. Pour Christian Harbulot, nous devons impérativement tirer les enseignements du passé, refuser la tyrannie de la « bien-pensance » et de la pensée convenue, faire fi de nos préjugés pour enfin regarder la planète telle qu’elle est. On ne pourra effectuer un retour vers la puissance salvatrice que si surgit et éclot préalablement une authentique prise de conscience. Par cette démarche, Christian Harbulot met en lumière toute la force du jeu des idées. Nous sommes souvent prisonniers de nos propres faiblesses et de nos préjugés. Et c’est l’un de ses mérites majeurs que de décortiquer soigneusement la façon dont les Anglo-saxons par exemple, ont entrepris méthodiquement de nous déconstruire par le seul biais d’idées et d’images qui nous sont imposées comme étant bonnes ou mauvaises. Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais, l’adage est bien connu…
Christian Harbulot voit à l’œuvre cinq fractures majeures dans notre société, d’ordre culturel, politique, économique, administratif et enfin stratégique. Les élites sont gangrenées, car dans leur grande majorité, passées obligatoirement par le formatage d’un système éducatif acquis aux référents de nos concurrents et adversaires, et soumis à leurs diktats moraux. C’est donc au peuple de se mobiliser pour imposer une nouvelle ligne politique. « Sans une volonté politique collective hors du commun et une nouvelle approche des enjeux de la mondialisation, la France entamera pour de bon sa descente aux enfers. » Christian Harbulot ne mâche pas ses mots : « L’humanisme démocratique mis en avant par l’Occident depuis le siècle des Lumières n’a pas pacifié le monde et s’avère incapable de proposer la moindre issue à ce que Philippe Baumard définit désormais comme un vide stratégique. Dans un monde dangereux et instable, la France n’a pas d’autre choix que de réinventer sa puissance pour préserver l’avenir de son peuple et éviter de se saborder. » Stratégie, influence et puissance sont inextricablement liées. Là résident les clés de notre renaissance.
Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence
Sabordage – Comment la France détruit sa puissance
Entretien de Christian Harbulot dans Communication & Influence
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