Alain Juillet
N° 67 – Octobre 2015 – Le sursaut ou le chaos : Thibault de Montbrial décrypte le terrorisme, entre droit, sécurité et jeux d’influence
Avocat pénaliste au barreau de Paris, fin connaisseur des questions de renseignement et de terrorisme, fondateur du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure, Thibault de Montbrial a publié en juin dernier Le sursaut ou le chaos (Plon). Refusant la langue de bois, il prône un durcissement des dispositifs, notamment juridiques, contre les djihadistes français.
Dans l’entretien qu’il a accordé à Bruno Racouchot, directeur de Comes Communication, Thibault de Montbrial précise très clairement : « Pour gagner cette guerre, il nous faut avant tout regarder la réalité en face, nommer les choses clairement, et susciter un projet collectif articulé clairement autour de valeurs. La lutte contre le terrorisme n’est pas qu’une affaire de technique, de droit et de renseignement. La dimension influence – entendons mentale, psychologique, philosophique – est essentielle puisque c’est sur le vide de nos sociétés que prospère le terrorisme islamiste. »
9 juin 2015 – Les rouages de la guerre de l’information : la France face à Daech
La France peut-elle vaincre Daech sur le terrain de la guerre de l’information ? Tel est le questionnement ouvert sans tabous par Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de Guerre Economique, et ses équipes dans un récent rapport d’alerte. Au-delà du choc des images de mise à mort en direct, il y a une logique froide, puissante et cohérente mise en œuvre, qui se rapporte à la nature même de la guerre de l’information. Pour Christian Harbulot et ses chercheurs, celle-ci se définit : 1/ par le contenant de nature technologique. Les attaques passent par les systèmes d’information (piratage, virus, paralysie ou destruction des communications) ; 2/ par le contenu qui recouvre les opérations de propagande et de contre propagande, les techniques de pression psychologique, les méthodes de désinformation, la manipulation par la production de connaissances de nature institutionnelle, académique, médiatique, sociétale (fondations, ONG). En ce sens, soulignent-ils, « la guerre de l’information bouleverse les lois de la guerre traditionnelle : pas de déclaration de guerre ; avantage décisif pour l’attaquant ; pas de traité de paix ; pas de fin temporelle ; pas d’agresseur identifiable avec certitude. » Il est donc grand temps de sortir de notre léthargie et de notre angélisme pour regarder enfin les réalités en face. Lire la suite
17 décembre 2014 – La guerre économique est bel et bien là
« La paix est un souhait, la guerre est un fait ». C’est par un éditorial choc que Pascal Gauchon, rédacteur en chef de Conflits, revue de géopolitique aussi audacieuse que sérieuse – www.revueconflits.com – ouvre le dossier de la guerre économique. Normalien, directeur de la collection Major destinée aux grandes écoles (PUF, Presses universitaires de France), cofondateur du Festival de géopolitique de Grenoble, Pascal Gauchon a regroupé de multiples contributions pour ce numéro hors-série qui ne pratique pas la langue de bois. Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de guerre économique et l’un des pionniers de l’intelligence économique, explique ainsi clairement que pour avoir un devenir, encore nous faut-il réapprendre à penser en termes de puissance. La guerre économique est à ses yeux « l’expression extrême des rapports de force non militaires. Si l’on essaie de hiérarchiser les rapports de force, les deux qui me paraissent les plus importants dans l’histoire de l’humanité tiennent à la guerre et à l’économie. Cela ne veut pas dire qu’il n’en existe pas d’autres – culturels, religieux, diplomatiques… Mais ce sont ces deux formes de guerre qui comptent le plus si l’on regarde l’histoire longue, les autres passent au second plan, sont moins lourdes. » Lire la suite
22 mai 2014 – Force des idées, think tanks et jeux d’influence
De quoi les think tanks sont-ils le nom ? Se révèlent-ils à nous comme des lieux où l’on pense, où l’on fait germer des idées ? Où ne sont-ils en réalité rien d’autre que des officines de manipulation de l’opinion ? En quoi se différencient-ils des cercles, clubs, ateliers, réseaux, observatoires et autres lieux de réflexion et de production de connaissances ? Les définitions des think tanks sont aussi nombreuses qu’incertaines. Et c’est justement le mérite de François-Bernard Huyghe de mettre de l’ordre et du sens dans ce maelström avec un petit livre qui a connu peu d’écho médiatique mais dont l’intérêt est immense pour qui s’intéresse aux jeux d’influence, un petit livre au titre éloquent : Think tanks, quand les idées changent vraiment le monde (Vuibert, 2013, 157 p., 19 €). On ne dira jamais assez à quel point François-Bernard Huyghe, médiologue, docteur en sciences politiques et chercheur à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), mène depuis des années un combat d’une rare intelligence dans la sphère de l’influence, s’imposant sans nul doute comme l’un des meilleurs analystes en ce domaine. Il en donne une nouvelle fois la preuve magistrale. Lire la suite
20 février 2014 – Prise de décision, résistance au changement et leviers d’influence
« Mes travaux s’intéressent pour l’essentiel aux différents processus de résistance au changement. Je tente de comprendre comment nous en arrivons à être influencés, pas seulement par les autres mais aussi par nous-mêmes. Notamment en me penchant sur cette face obscure de la prise de décision dans laquelle nous sommes amenés à décider en prenant appui sur des normes, des routines et des habitudes que l’on appelle en psychologie, préjugés et stéréotypes. Parfois au détriment du libre arbitre, puisque nous sommes dans l’illusion. » Ce constat ouvre une intéressante tribune publiée par Patrice Georget, maître de conférences en psychologie sociale à l’université de Caen, dans les colonnes de l’hebdomadaire Le nouvel Economiste (n° 1701 du 14/02/14). Patrice Georget cherche ainsi à comprendre comment nous réagissons « lorsque nous sommes stressés, saturés d’informations. Cette baisse de vigilance nous amène à décider dans l’incertitude, en l’absence de sens critique, car des réflexes automatiques vont piloter le comportement. » Nous sommes donc influencés par des pensées que nous considérons comme naturelles, justes et acquises. Lire la suite
17 décembre 2013 – Un exemple d’influence positive en opérations extérieures : Radio Surobi en Afghanistan
L’une de nos dernières notes, Opérations d’environnement d’hier et d’aujourd’hui : de l’Algérie à l’Afghanistan (05/12/13), a suscité nombre de réactions, prouvant l’intérêt que nos lecteurs portent à ces questions. Pour enrichir le débat sur ce sujet des opérations d’influence en opérations extérieures, on peut ici évoquer le témoignage récemment paru de Raphaël Krafft, Captain teacher – Une radio communautaire en Afghanistan (éditions Buchet Chastel, septembre 2013). Journaliste, l’auteur s’est engagé en 2009 dans l’armée française pour aider la Légion étrangère à créer une radio communautaire dans une zone reculée de l’Afghanistan. La question centrale qui se pose ici est celle de la nature même des opérations liées au soft-power : quelles sont les limites des opérations d’influence ? Comment privilégier l’indépendance d’esprit des participants et jouer la carte d’une influence positive ? Doivent-elles se distinguer clairement des opérations grises – voire noires – qui peuvent compromettre le rayonnement réel et les bonnes relations que l’on cherche à établir sur le long terme ? Ou au contraire, doit-on envisager de les combiner, si toutefois cela se révèle être possible et opportun ?… Bref, comme dans nombre d’opérations d’influence, les vecteurs utilisés comptent moins que la définition initiale de la ligne stratégique retenue. Lire la suite
9 décembre 2013 – « La communication, dimension oubliée de l’intelligence économique », prix IEC 2013
Les professeurs d’université Nicolas Moinet (Poitiers) et Thierry Libaert (Louvain) viennent de se voir décerner le Prix 2013 de l’Intelligence économique et compétitivité (IEC), pour La communication, dimension oubliée de l’intelligence économique. Publié par la revue Communication & organisation sous l’égide des Presses universitaires de Bordeaux, ce dossier rassemble les analyses de nombreux experts, universitaires et praticiens de l’intelligence économique et de la communication, et souligne très justement les nécessaires interactions et synergies entre ces deux disciplines. Les lecteurs de Communication & Influence étaient au courant de cette parution dès l’origine, puisque le n° 45 (juin 2013) avait non seulement présenté la revue, mais encore publié l’article que nous y avions signé, Alain Juillet et moi-même : L’influence, le noble art de l’intelligence économique (p. 161-173). Lire la suite
18 juillet 2013 – Stratégies d’influence : entretien de Bruno Racouchot au site Culture RP
« Pouvez-vous revenir sur votre parcours et votre ambition de mettre en avant des stratégies et des vecteurs de communication d’influence auprès des organisations publiques et privées au sein de Comes communication? Quelle serait votre définition de l’E-réputation et du rôle des e-influenceurs dans cette communication globale? Pourquoi la question de l’identité de l’individu, des entreprises, de la marque est aujourd’hui centrale dans l’analyse communicationnelle? Vous pouvez nous éclairer sur la notion de l’influence via le high end branding? Philippe Baumard souligne la notion suivante : « La stratégie est la capacité de définir une raison d’être – un dessein – qui assure la pérennité et l’épanouissement de ce qui est, et de ce qui sera » dans son livre Le vide stratégique, (Paris, CNRS éditions, 2012). Vous pouvez nous en expliquez les mécanismes et ce que cela implique? » Telles sont les questions que le site Culture RP – http://culture-rp.com/ – m’a très aimablement posées dans un entretien publié aujourd’hui sur son site. Je me suis efforcé d’y répondre sur un mode concis et pratique, afin de dissiper bien des équivoques et des mécompréhensions en matière d’engagement de stratégies d’influence. Lire la suite
N°45 – Juin 2013 – L’influence, le noble art de l’intelligence économique
La revue Communication & Organisation (Presses universitaires de Bordeaux) consacre son 42ème numéro au thème : « La communication, dimension oubliée de l’intelligence économique ». Alain Juillet, ancien Haut responsable à l’intelligence économique, et Bruno Racouchot, directeur de Comes Communication et de Communication & Influence, y cosignent un article portant sur le rôle-clé de l’influence. Car l’intelligence économique et la communication sont deux univers qui, en France, se connaissent mal. Un constat d’autant plus paradoxal qu’à l’origine, la competitive intelligence a pour objet non seulement la recherche et la sécurisation de l’information, mais aussi sa diffusion en interne et en externe, auprès de cibles dûment identifiées. Lire la suite
28 mai 2013 – Pour être reconnue et influente, la sécurité privée doit apprendre à communiquer
Mardi 28 mai à l’Ecole militaire à Paris est présenté l’ouvrage Sécurité privée, enjeu public, réalisé sous la direction de Pierre Brajeux, Eric Delbecque et Michel Mathieu (Armand Colin, avril 2013). Préfacé par Alain Bauer, l’ouvrage a le mérite de ne pas s’enfermer dans les seules considérations techniques. Il aborde des questions qui intéressent non seulement les chefs d’entreprise mais aussi l’ensemble de ceux qui œuvrent dans la sphère de la communication, de l’influence et plus généralement des public affairs. Ainsi, en étudiant de près les modes opératoires de la nébuleuse des Anonymous, Eric Delbecque et Alain Juillet dissèquent les liens existants entre cyberattaques et communication. « Face à ces évolutions, soulignent-ils, le directeur sûreté d’une firme doit aujourd’hui franchir une étape importante. D’une fonction tactique, il est passé à l’exercice d’une mission stratégique. » Dans un chapitre intitulé « Sécurité privée : un secteur économique qui devra communiquer pour se consolider », Nicolas Arpagian enfonce le clou. Lire la suite
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