Communication & Influence

 

18 février 2015 – Patriotisme économique et libéralisme, puissance et influence

Le patriotisme économique, avenir du libéralisme ? Tel est le thème central abordé dans le n°4 de la  revue Défis, de l’INHESJ (Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice), sorti en ce début d’année 2015. Le patriotisme économique ne se borne pas à une question de normes et de règles, s’inscrivant dans un cadre purement protectionniste. Il se pense aussi – et surtout – sur un mode offensif. Il implique de combiner harmonieusement les ressources de la puissance et de l’influence. Et l’enjeu est d’importance. Comme le souligne Eric Delbecque, directeur de la rédaction de Défis, « il ne s’agit pas simplement de savoir si le capitalisme financier, le libre-échange et le dynamisme des pays émergents s’avèrent compatibles avec la survie industrielle des nations européennes et leur cohésion sociale. Il importe encore de déterminer si nous pouvons préserver des secteurs stratégiques (c’est-à-dire assurer le respect d’exigences de souveraineté) et donner corps à une doctrine de sécurité économique encore à préciser. » Les facteurs immatériels – au premier rang desquels l’influence – jouent ainsi un rôle capital dans ces affrontements d’un nouveau genre. Lire la suite

 

28 janvier 2015 – Erreurs de représentation et pilotage des crises : pour Xavier Guilhou, l’inconcevable n’est jamais impensable

Notre billet du 12 janvier dernier, Tuerie Charlie : violence et influence, action et communication, où nous présentions les travaux de deux experts du renseignement (Eric Denécé et Xavier Guilhou), a bien été repris et commenté. Dans la même veine, il semble utile de présenter ici une autre analyse de Xavier Guilhou portant sur les erreurs mentales de représentation qui influent négativement le plus souvent sur le pilotage des crises. Cette approche qui s’intitule L’inconcevable n’est jamais impensable constitue le dernier chapitre d’un ouvrage collectif sorti tout récemment*. Premier mérite de Xavier Guilhou : sa lucidité et son refus de céder aux sirènes du fétichisme technologique : « La majorité des crises que nous avons à appréhender depuis quelques décennies sont ancrées dans nos modes de pensée, d’organisation et de pilotage des évènements. Nous nous  berçons souvent d’illusions ou de prétentions prométhéennes en nous confortant dans le constat que nos prouesses scientifiques et technologiques permettent de réduire les occurrences de risques et de limiter les potentiels d’erreurs dues aux modes de représentation et aux facteurs humains. » Lire la suite

 

12 mai 2014 – Jacques Hogard et les actions d’influence dans les opérations extérieures

Saint-Cyrien, ayant servi dans l’Infanterie de marine, le général Jacques Hogard (1918-1999) est sans conteste l’une des plus hautes figures de l’école française de contre-insurrection. Moins connu médiatiquement que David Galula qui mit son savoir-faire au service des cercles d’influence américains, Jacques Hogard s’est imposé dès les années 1950-1960 – avec Roger Trinquier, Charles Lacheroy, Jean Nemo et quelques autres officiers – comme l’un des pionniers militaires des stratégies d’influence en matière d’opérations extérieures. C’est donc tout le mérite de Mériadec Raffray que de lui avoir consacré une étude détaillée : Général Jacques Hogard – Stratège de la contre-insurrection (Economica, janvier 2014, 124 p., 19 €).  Lire la suite

 

12 mars 2014 – Erik L’Homme : livres pour la jeunesse, imaginaire et influence

Erik L’Homme est sans conteste l’un des meilleurs écrivains français pour la jeunesse. Il le prouve à nouveau en publiant début mars un petit livre qui fera rêver les jeunes et les moins jeunes, Le regard des princes à minuit. Une histoire qui met en scène des jeunes gens aux prises avec sept épreuves initiatiques, pour une confrontation avec eux-mêmes, dans des cadres mystérieux qui vont de la forêt de Brocéliande à Notre-Dame de Paris. Auteur fétiche des éditions Gallimard Jeunesse, Erik L’Homme sait toute la force de l’imaginaire, en particulier aux âges où l’on veut découvrir le monde en même temps que soi-même. Dans le préambule de son dernier ouvrage, il souligne : « Si le propre de la jeunesse est de se révolter (parfois avec raison), celui du système reste d’enfermer ces révoltes dans des impasses, de les canaliser, de les détourner à son profit. Les révoltes finissent toutes par être digérées – certaines moins bien que d’autres. Les insurrections essentielles ne naissent pas toujours d’affrontements directs, mais parfois de l’exploration d’autres voies : tourner le dos, s’éloigner, montrer que l’on n’est pas dupe, donner du sens à ce qui nous entoure et nous arrive, un sens différent de celui de l’air du temps ; voilà ce que le système ne supporte pas. » Un résumé de ce que pourrait être l’esprit de l’influence ? Lire la suite

 

4 mars 2014 – Communication, influence, démocratie et opinion publique

Il existe indéniablement aujourd’hui une conjonction curieuse entre rejet de l’Europe, défiance à l’endroit de la démocratie et montée en puissance des opinions publiques qui se démarquent de plus en plus des élites et des faiseurs d’opinion. Universitaire et géopolitologue de renom, ancien conseiller au sein des cabinets ministériels de Jean-Pierre Chevènement et de Pierre Joxe, Pascal Boniface a créé en 1990 l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques), puis la Revue internationale et stratégique l’année suivante. Dans un entretien récemment publié par l’hebdomadaire Le nouvel Economiste, il met en évidence cette coupure entre l’opinion publique et ceux qui se targuent d’être des créateurs ou relais d’influence : « Concernant le pouvoir en place, le problème n’est pas que la coupure entre les élus et le peuple est plus importante que par le passé mais qu’elle est plus flagrante depuis que les gens disposent d’une capacité de contrôle et de critique accrue : aujourd’hui, toute erreur est pointée, toute incohérence est détectée et révélée. Il existe trop de moyens d’information pour que l’on puisse encore croire au discours dominant sans le remettre en cause. Face à cette réalité on constate chez nos élites un réel problème d’adaptation. Tout comme le monde occidental tarde à s’apercevoir que son monopole est brisé, de même nos politiques et hommes d’influence peinent à voir qu’ils n’ont plus le monopole de la prescription. Cette coupure entre les élites et la base génère une fatigue démocratique. Plus exactement, une lassitude face aux anciens modes de représentation car parallèlement à cela, la société civile fait preuve d’un fort dynamisme. » Lire la suite

 

20 février 2014 – Prise de décision, résistance au changement et leviers d’influence

« Mes travaux s’intéressent pour l’essentiel aux différents processus de résistance au changement. Je tente de comprendre comment nous en arrivons à être influencés, pas seulement par les autres mais aussi par nous-mêmes. Notamment en me penchant sur cette face obscure de la prise de décision dans laquelle nous sommes amenés à décider en prenant appui sur des normes, des routines et des habitudes que l’on appelle en psychologie, préjugés et stéréotypes. Parfois au détriment du libre arbitre, puisque nous sommes dans l’illusion. » Ce constat ouvre une intéressante tribune publiée par Patrice Georget, maître de conférences en psychologie sociale à l’université de Caen, dans les colonnes de l’hebdomadaire Le nouvel Economiste (n° 1701 du 14/02/14). Patrice Georget cherche ainsi à comprendre comment nous réagissons « lorsque nous sommes stressés, saturés d’informations. Cette baisse de vigilance nous amène à décider dans l’incertitude, en l’absence de sens critique, car des réflexes automatiques vont piloter le comportement. » Nous sommes donc influencés par des pensées que nous considérons comme naturelles, justes et acquises.  Lire la suite

 

17 décembre 2013 – Un exemple d’influence positive en opérations extérieures : Radio Surobi en Afghanistan

L’une de nos dernières notes, Opérations d’environnement d’hier et d’aujourd’hui : de l’Algérie à l’Afghanistan (05/12/13), a suscité nombre de réactions, prouvant l’intérêt que nos lecteurs portent à ces questions. Pour enrichir le débat sur ce sujet des opérations d’influence en opérations extérieures, on peut ici évoquer le témoignage récemment paru de Raphaël Krafft, Captain teacher – Une radio communautaire en Afghanistan (éditions Buchet Chastel, septembre 2013). Journaliste, l’auteur s’est engagé en 2009 dans l’armée française pour aider la Légion étrangère à créer une radio communautaire dans une zone reculée de l’Afghanistan. La question centrale qui se pose ici est celle de la nature même des opérations liées au soft-power : quelles sont les limites des opérations d’influence ? Comment privilégier l’indépendance d’esprit des participants et jouer la carte d’une influence positive ? Doivent-elles se distinguer clairement des opérations grises – voire noires – qui peuvent compromettre le rayonnement réel et les bonnes relations que l’on cherche à établir sur le long terme ? Ou au contraire, doit-on envisager de les combiner, si toutefois cela se révèle être possible et opportun ?… Bref, comme dans nombre d’opérations d’influence, les vecteurs utilisés comptent moins que la définition initiale de la ligne stratégique retenue. Lire la suite

 

9 décembre 2013 – « La communication, dimension oubliée de l’intelligence économique », prix IEC 2013

Les professeurs d’université Nicolas Moinet (Poitiers) et Thierry Libaert (Louvain) viennent de se voir décerner le Prix 2013 de l’Intelligence économique et compétitivité (IEC), pour La communication, dimension oubliée de l’intelligence économique. Publié par la revue Communication & organisation sous l’égide des Presses universitaires de Bordeaux, ce dossier rassemble les analyses de nombreux experts, universitaires et praticiens de l’intelligence économique et de la communication, et souligne très justement les nécessaires interactions et synergies entre ces deux disciplines. Les lecteurs de Communication & Influence étaient au courant de cette parution dès l’origine, puisque le n° 45 (juin 2013) avait non seulement présenté la revue, mais encore publié l’article que nous y avions signé, Alain Juillet et moi-même : L’influence, le noble art de l’intelligence économique (p. 161-173). Lire la suite

 

16 juillet 2013 – La Légion étrangère, vecteur de rayonnement géopolitique

Comme chaque année lors du défilé du 14 juillet, la Légion étrangère, descendant de son pas lent l’avenue des Champs Elysées, a remporté un vif succès auprès des spectateurs. Cette troupe d’élite, unique au monde, créée par le roi Louis-Philippe en 1831, fêtait cette année le 150ème anniversaire de la bataille de Camerone. Perpétuant ses traditions, la Légion reste en totale symbiose avec notre monde moderne. Le Général de Saint Chamas, actuel commandant de la Légion étrangère, avait d’ailleurs accordé en avril dernier un entretien à Communication & Influence, mettant en relief la manière dont s’articule hard et soft power au service du rayonnement de notre pays. Dans la foulée, l’ESC Grenoble, par la voix de son directeur Jean-François Fiorina, est allé interviewer le Général de Saint Chamas pour recueillir son sentiment sur ce que pouvait être l’appréhension géopolitique de la Légion. « La géopolitique de la Légion, c’est d’abord la géopolitique des hommes » a-t-il répondu, dans un entretien qu’il est utile de découvrir. Car au-delà du redoutable outil de guerre, la Légion constitue aussi un modèle qui pèse en termes d’influence. Lire la suite

 

3 juillet 2013 – Snowden, OTAN, hard et soft powers : l’analyse de Patricia Adam

L’affaire Snowden constitue un excellent point de départ pour réfléchir non seulement à la place de la France dans l’OTAN, mais aussi à l’articulation des rapports entre hard et soft powers entre « alliés ». A ce titre, il est intéressant de se reporter à l’interview de Patricia Adam publiée récemment dans la revue Défense (Union IHEDN, N° 162, mai – juin 2013). La présidente de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale conforte à cette occasion le positionnement qui était le sien dans l’entretien qu’elle avait accordé à Communication & Influence en mars dernier. Dans Défense, Patricia Adam rappelle qu’en matière de politique étrangère, elle « considère que la France est une puissance d’un rang suffisant pour revendiquer une liberté de pensée et une autonomie de décision et d’action sur la scène internationale. Cette politique traditionnelle fait l’objet d’une convergence, sinon parmi tous les députés, du moins au sein de la commission que je préside. Elle se caractérise par plusieurs déterminants républicains : primat du politique, refus de l’impérialisme et de la confrontation entre blocs, multilatéralisme, respect de la souveraineté et du droit international. » Or, avec l’affaire Snowden, les masques tombent ! Si nous sommes sous surveillance étroite, quid de notre appartenance à l’OTAN ? Quid de notre souveraineté ? Quid de notre rayonnement et de notre influence ?  Lire la suite

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