18 février 2015 – Patriotisme économique et libéralisme, puissance et influence

Publié le 18 février 2015 par Bruno Racouchot

Le patriotisme économique, avenir du libéralisme ? Tel est le thème central abordé dans le n°4 de la  revue Défis, de l’INHESJ (Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice), sorti en ce début d’année 2015. Le patriotisme économique ne se borne pas à une question de normes et de règles, s’inscrivant dans un cadre purement protectionniste. Il se pense aussi – et surtout – sur un mode offensif. Il implique de combiner harmonieusement les ressources de la puissance et de l’influence. Et l’enjeu est d’importance. Comme le souligne Eric Delbecque, directeur de la rédaction de Défis, « il ne s’agit pas simplement de savoir si le capitalisme financier, le libre-échange et le dynamisme des pays émergents s’avèrent compatibles avec la survie industrielle des nations européennes et leur cohésion sociale. Il importe encore de déterminer si nous pouvons préserver des secteurs stratégiques (c’est-à-dire assurer le respect d’exigences de souveraineté) et donner corps à une doctrine de sécurité économique encore à préciser. » Les facteurs immatériels – au premier rang desquels l’influence – jouent ainsi un rôle capital dans ces affrontements d’un nouveau genre.

De la sorte, renchérit Eric Delbecque, « on se tromperait en limitant le patriotisme économique à l’adoption d’une posture défensive […]. Il s’agit de développer une ‘marque France’ et d’engager des investissements d’avenir capables de favoriser la compétitivité de nos territoires et de leurs entreprises. » Qu’entendent donc les spécialistes de l’INHESJ par ‘marque France’ ? Pour Angélique Le Mazou, rédactrice adjointe de Défis, « le concept de ‘marque France’ est bien plus large que celui de ‘made in France’, puisqu’il ne se limite pas à mettre en exergue le fait qu’un produit ait été fabriqué sur notre territoire, à promouvoir l’origine française d’un produit. La ‘marque France’ emporte avec elle une certaine image de la France, une vision, un état d’esprit. Comme l’indique la synthèse rédigée en décembre 2013 au terme de la consultation publique lancée pour connaître les ‘Perceptions et attentes à l’égard de la ‘marque France14 », cette dernière ‘doit servir à valoriser l’image de la France, des entreprises et des produits français, en France et à l’étranger’. »

Précisant son idée, elle ajoute : « Cette promotion s’appuiera sur des valeurs communes et a pour but d’améliorer la réputation et le dynamisme de l’économie française et de renforcer l’attractivité du territoire pour les investisseurs étrangers. Allant plus loin que le seul ‘Made in France’, elle participe à la construction d’un patrimoine immatériel en capitalisant sur son potentiel de création de valeur pour l’économie nationale. En incarnant le positionnement de la France dans un monde globalisé, elle a l’ambition de pouvoir agir comme un facteur de compétitivité ‘hors coût’ de l’économie française. En effet, sur le plan économique mais aussi diplomatique, culturel ou bien médiatique, elle est destinée à créer de la singularité, de la différenciation et de l’identité, qui sont autant de valeurs ajoutées pour l’économie française. »

La méthode de communication d’influence déployée depuis plus de quinze ans par Comes Communication et Communication & Influence repose essentiellement sur la valorisation des identités, qui constitue un réel critère différenciant. On agit donc bien là dans la sphère de l’influence telle que l’envisagent les experts interrogés par Défis. Mais cette démarche n’est nullement une banale campagne de communication lambda. Elle s’inscrit dans le cadre plus vaste et âpre de l’intelligence économique, dont l’influence est un des pôles essentiels. Comme le souligne Angélique Le Mazou en concluant son intervention, certes, « il faut valoriser nos savoir-faire, il faut aussi les défendre ! Rien ne sert d’influencer si nous ne garantissons pas notre sécurité économique. »  Eric Delbecque avait à cet égard vu juste très tôt. Dans un entretien qu’il avait accordé à Communication & Influence en décembre 2011, il parlait d’ailleurs de l’influence comme de la pointe de diamant de l’intelligence économique… Entretien à lire et relire.

Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence

Télécharger Défis n° 4

Télécharger l’entretien d’Eric Delbecque à Communication & Influence

 

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