1er février 2013 – Jeux d’influence et fraude financière

Publié le 1 février 2013 par Bruno Racouchot

Comment perdre de la puissance à cause de l’influence omnipotente d’une représentation du monde déconnectée du réel ? Si les fraudes financières explosent à travers la planète, c’est d’abord parce qu’elles profitent de ce que les institutions et leurs représentants évoluent dans un univers mental coupé des réalités. Ce qui prouve une nouvelle fois la force des idées dans les jeux d’influence. Fin analyste des rapports du droit et du politique, le juge Jean de Maillard, pénaliste spécialisé dans la lutte contre le crime organisé et la délinquance financière, remarque : « Aujourd’hui, force est de constater que les pays occidentaux n’ont plus de ligne géopolitique. Ancien pays riche, en perte de vitesse, nous avons une vision de la géopolitique aux antipodes de nos concurrents. Elle est fondée sur l’idée que le droit doit gouverner le monde. C’est oublier que cela n’est possible qu’à l’intérieur d’un consensus minimum sur le respect du droit. Or, quand vous avez affaire à des acteurs pour lesquels ce qui est déterminant est in fine le rapport de force, et non le rapport de droit, on ne se bat pas avec les mêmes armes. On a un sabre en bois quand l’autre a un fusil ! Si nous voulons retrouver notre rang, nous devons prioritairement prendre en compte les rapports de force sur la scène internationale. » (Entretiens géopolitiques mensuels du directeur de l’ESC Grenoble, n° 21, janvier 2013).

Lucide, Jean de Maillard sait que les voies de l’enfer sont pavées de bonnes intentions et appelle à faire preuve de réalisme. « Soyons sérieux, l’État n’est pas un être moral. Souvenons-nous de ce que disait Hobbes, l’État, c’est un Léviathan ! Le droit doit avoir sa place, toute sa place mais rien que sa place. Il existe des situations, des occurrences, dans lesquelles on règle un problème non par le droit mais par la force ou le rapport de force. Le droit ne peut pas tout et, dans le monde tel qu’il est, mieux vaut ne pas être trop angélique. Le monde est violent, il est affrontement de puissances. Si dans le monde tel qu’il est, l’homme veut être à la hauteur des valeurs qu’il professe, il lui faut garder une dose de réalisme et se montrer capable de s’adapter pour conserver le cap. Le mieux est l’ennemi du bien. » Bref, un entretien décapant à découvrir, qui conforte parfaitement l’approche précédemment développée par le juge Jean de Maillard en avril 2011 dans les colonnes de Communication & Influence.

Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence

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Consulter l’entretien accordé par Jean de Maillard à Communication & Influence

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