N° 41 – Février 2013 – Guerre économique, temps durs et idées molles

Notre pays, qui dispose pourtant d’un fantastique potentiel en matière d’innovation et de créativité, se trouve aujourd’hui littéralement paralysé par la pensée convenue, qui inhibe au quotidien les raisonnements et les comportements. De fait, si nos entreprises veulent reprendre la main dans la guerre économique, elles doivent d’abord commencer par penser et agir autrement. Quand les temps sont durs, il faut en finir avec les idées molles. D’où le recours à l’influence.

Alain Juillet, ancien Haut Responsable à l’Intelligence économique auprès du Premier ministre, et Bruno Racouchot, directeur de Comes Communication, ont ainsi proposé à Ludovic François, professeur à HEC et directeur de la Revue internationale d’intelligence économique, une réflexion de fond portant sur les stratégies d’influence face à la pensée convenue. Elle montre en quoi l’influence constitue, pour les Etats comme pour les entreprises, une arme de choix dans la guerre économique.

Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence

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25 février 2013 – Tocqueville et la Chine, la puissance des idées

« Lorsqu’il a écrit L’Ancien Régime et la Révolution, en 1856, Alexis de Tocqueville pouvait-il se douter qu’un siècle et demi après, en 2012, son essai deviendrait un best-seller en Chine ? » rapporte le magazine Chine Plus (groupe Hearst Hong Kong). De nombreux journaux se sont ainsi étonnés de voir un penseur français du XIXe siècle peu connu du grand public bénéficier d’une soudaine notoriété de l’autre côté de la planète. Au-delà du factuel, c’est bien la preuve que les idées constituent la quintessence des stratégies d’influence. Quiconque connaît un tant soit peu l’histoire des idées depuis l’aurore de la pensée sait qu’il y eut toujours d’incessants allers et retours, dans l’espace et le temps, entre théoriciens et praticiens. Lire la suite

 

20 février 2013 – Le vrai, le faux et le totem technologique

Introducing Truth Teller : Political fact-checking : sous ce titre, le Washington Post annonçait fin janvier qu’il avait mis au point une nouvelle application technologique permettant de vérifier le bien-fondé des messages des hommes politiques. Toute déclaration serait ainsi passée au crible au nom de la vérité. De prime abord, qui ne pourrait se réjouir de cette belle avancée tout à la fois éthique et scientifique ? Les chiffres, les algorithmes, les ratios et autres data sont ainsi appelés à la rescousse. Qui oserait les contester ? Sauf que nous sommes là en pleine manœuvre d’intoxication. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’exercice vise prioritairement le monde politique. Analysons les faits d’un peu plus près, et nous verrons que ce fétichisme technologique ne tient pas la route. Et que ce bon vieux Nietzsche peut être d’un solide recours pour démasquer ces impostures ! Lire la suite

 

16 février 2013 – Stratégie et leçons du passé

L’influence n’existe pas sans stratégie préalablement définie. Et celle-ci ne surgit pas ex nihilo. Elle s’appuie sur l’existant, d’abord sur un passé qu’il convient de prendre en compte. Ce qui vaut pour la géopolitique vaut aussi pour l’entreprise. Chroniqueur au Financial Times spécialisé dans les questions de management, Andrew Hill vient de signer cette semaine une tribune intitulée The best strategy must build on the past (12/02/13). Selon lui, « strategy is the art of choosing the right path ahead. But companies that jettison their past altogether risk not only repeating historical errors but hobbling their advance. » Tirer les enseignements du passé présente en effet au moins plusieurs avantages majeurs. Lire la suite

 

13 février 2013 – Diplomatie économique et influence

Laurent Fabius persiste et signe : la France ne doit pas craindre de se doter d’une stratégie d’influence à l’international. C’est même un impératif pour elle. « Une clef de voûte de notre prospérité et de notre influence, c’est l’économie. Le ministère des Affaires étrangères, présent dans le monde entier, a pour mission sur le long terme de renforcer notre influence », a-t-il ainsi déclaré tout de go au quotidien Les Echos. Dans un long entretien, Laurent Fabius évoque ainsi clairement l’engagement d’une « diplomatie économique », venant en soutien des entreprises françaises, qui va constituer désormais l’une des priorités du ministère des Affaires étrangères. « Plus largement, explique-t-il, nous adaptons notre réseau diplomatique à la nouvelle géographie économique du monde. » Lire la suite

 

12 février 2013 – Culture du risque et capacité d’influence

La capacité d’influence présuppose d’abord la capacité à penser et agir hors des chemins convenus. Il existe donc un lien direct entre influence et culture du risque. Cette corrélation a récemment été mise en évidence dans la sphère économique et financière par Jim Hagemann Snabe, codirecteur général de SAP, groupe mondial de logiciels de gestion. Dans un entretien accordé au quotidien Les Echos (11/02/13), il remarque : « Il y a un problème de culture d’entreprise en Europe. Nous ne faisons pas assez preuve d’optimisme, nous ne croyons pas assez en nos chances. La culture du risque doit être davantage cultivée. Par exemple, nous ne devrions pas avoir peur d’échouer lorsqu’on crée une entreprise. Au contraire. Résultat, les capital-risqueurs sont moins nombreux et moins influents qu’aux Etats-Unis. J’aimerais que les jeunes Européens aient plus d’appétit, plus d’envie. » Lire la suite

 

05 février 2013 – Influence et intelligence territoriale

Belle initiative que celle de l’Ecole de management de Normandie avec le lancement de la lettre Comprendre & Entreprendre, au sous-titre explicite : Se développer dans un monde moderne. D’emblée elle frappe fort avec une interview choc du préfet Rémy Pautrat, figure de l’intelligence économique, ancien directeur de la DST (devenue aujourd’hui la DCRI), qui fut en 1996 préfet de la Basse-Normandie et y mit en place le premier Schéma régional d’intelligence économique. « Nous devons renouer avec l’esprit commando, martèle-t-il dans l’entretien qu’il a accordé à Jean-Guy Bernard, directeur de l’EM Normandie, c’est avant tout dans les têtes que se gagnent les guerres. » Lire la suite

 

04 février 2013 – Sahel et Afghanistan : facteur temps et « soft-power »

Le propre des stratégies d’influence est de se penser et se réaliser sur le long terme. Cela vaut pour les entreprises comme pour les institutions, trop souvent prisonnières du court-termisme. A cet égard, le colonel (ER) René Cagnat, chercheur associé à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) et spécialiste reconnu de l’Asie centrale, nous met en garde contre une mauvaise utilisation du facteur temps dans les opérations extérieures. Dans un article récent de janvier 2013, Guerre et pacification au Sahel à la lumière de l’expérience afghane : Conséquences pour le Livre blanc, il s’interroge : comment bâtir une intervention solide quand la plupart des cadres et la troupe sont renouvelés tous les six mois ? Lire la suite

 

1er février 2013 – Jeux d’influence et fraude financière

Comment perdre de la puissance à cause de l’influence omnipotente d’une représentation du monde déconnectée du réel ? Si les fraudes financières explosent à travers la planète, c’est d’abord parce qu’elles profitent de ce que les institutions et leurs représentants évoluent dans un univers mental coupé des réalités. Ce qui prouve une nouvelle fois la force des idées dans les jeux d’influence. Fin analyste des rapports du droit et du politique, le juge Jean de Maillard, pénaliste spécialisé dans la lutte contre le crime organisé et la délinquance financière, remarque : « Aujourd’hui, force est de constater que les pays occidentaux n’ont plus de ligne géopolitique. Ancien pays riche, en perte de vitesse, nous avons une vision de la géopolitique aux antipodes de nos concurrents. Elle est fondée sur l’idée que le droit doit gouverner le monde. C’est oublier que cela n’est possible qu’à l’intérieur d’un consensus minimum sur le respect du droit. Or, quand vous avez affaire à des acteurs pour lesquels ce qui est déterminant est in fine le rapport de force, et non le rapport de droit, on ne se bat pas avec les mêmes armes. On a un sabre en bois quand l’autre a un fusil ! Lire la suite