25 février 2013 – Tocqueville et la Chine, la puissance des idées

Publié le 25 février 2013 par Bruno Racouchot

« Lorsqu’il a écrit L’Ancien Régime et la Révolution, en 1856, Alexis de Tocqueville pouvait-il se douter qu’un siècle et demi après, en 2012, son essai deviendrait un best-seller en Chine ? » rapporte le magazine Chine Plus (groupe Hearst Hong Kong). De nombreux journaux se sont ainsi étonnés de voir un penseur français du XIXe siècle peu connu du grand public bénéficier d’une soudaine notoriété de l’autre côté de la planète. Au-delà du factuel, c’est bien la preuve que les idées constituent la quintessence des stratégies d’influence. Quiconque connaît un tant soit peu l’histoire des idées depuis l’aurore de la pensée sait qu’il y eut toujours d’incessants allers et retours, dans l’espace et le temps, entre théoriciens et praticiens.

Que ce soit dans la sphère politique, économique, culturelle, sociale, géostratégique… les idées constituent des armes d’une puissance inégalée. Et cela depuis l’antiquité gréco-romaine. Que l’on songe à Pythagore qui forma des réseaux politiques très puissants jusqu’en Grande Grèce. Ou à l’urbaniste Hippodamos de Milet, à Platon et Aristote bien sûr, ou encore à Xénophon, mercenaire et philosophe mais aussi auteur des premiers traités d’économie et de fiscalité connus en Europe ! On recense parmi les philosophes dits « présocratiques » des dizaines de penseurs dont les idées ont exercé une influence majeure à travers 25 siècles d’histoire européenne. Empédocle et Héraclite ont ainsi influé sur Hegel, qui lui-même a influé sur Marx. Les hommes politiques eux-mêmes ont parfois été de grands penseurs. L’empereur Marc Aurèle a été un stoïcien de premier plan. Quant au néo-platonicien Plotin, il a non seulement inspiré les dirigeants de son temps, mais aussi les princes de la Renaissance italienne… Et puisque l’on parle de Chine, n’oublions pas le rôle majeur que joue toujours Confucius dans la pensée et la société chinoises. Au point que les hiérarques du parti ont fait des instituts Confucius un réseau de pénétration du monde occidental par leurs services. Par-delà les siècles, il est indéniable que l’influence reste une arme de choix, aussi discrète qu’efficace. Nos dirigeants politiques comme nos grands capitaines d’industrie en ont-ils suffisamment conscience ?

Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence

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