N°48 – Octobre 2013 – Les avocats, acteurs économiques d’influence

En septembre, la revue ACE – Avocats conseils d’entreprises – m’a très aimablement ouvert ses colonnes pour réfléchir sur le rôle des avocats dans la mise en œuvre de stratégies d’influence. Hier ignorée, l’intelligence économique commence à gagner ses lettres de noblesse dans le monde des avocats. Et l’on ne peut que s’en réjouir. De fait, depuis l’affaire Snowden, les choses bougent. Le discours jugé paranoïaque hier est maintenant perçu comme exact et prémonitoire. Aujourd’hui, on perçoit mieux et surtout positivement, les concepts de veille concurrentielle, de sécurité économique, d’influence et de préservation des intérêts vitaux des entreprises. Ces éléments constituent autant de priorités car ils signent dans les faits la volonté française de maintenir son rang de grande puissance économique et technologique dans un monde de concurrence où tous les coups sont permis. Lire la suite

 

25 octobre 2013 – Beyrouth, 23 octobre 1983 : l’attentat contre le poste Drakkar. Une vie du hard power au soft power…

Il arrive fréquemment que l’on me demande quand est née ma réflexion sur l’influence et plus généralement le soft power. Invariablement, je réponds : « À Beyrouth, le 23 octobre 1983« . Autrement dit quand le poste Drakkar fut la cible d’un attentat terroriste qui tua 58 parachutistes français. Nous venons avec tristesse d’en honorer le 30ème anniversaire. Précisons l’ampleur du désastre. Car un autre attentat, deux minutes plus tôt, avait tué 241 marines américains retranchés dans l’aéroport de Beyrouth. A cette question sur la gestation d’une réflexion personnelle sur l’influence, réponse directe. Réaction immédiate. Mes interlocuteurs sont en général médusés. Médusés d’une part d’apprendre que j’étais alors jeune officier présent sur place (au nord de Drakkar, rue de Verdun, ça ne s’invente pas !), et que j’avais participé au sauvetage des survivants, puis aux missions qui se déroulèrent alors à Beyrouth ouest. D’autre part, de constater que, d’un événement aussi violent, avait pu naître une réflexion sur l’influence. Car le jeune lieutenant des parachutistes d’Infanterie de Marine que j’étais alors avait compris d’emblée que le hard power ne pouvait pas grand-chose dans la nasse de Beyrouth. Et que si nous étions condamnés à en sortir piteusement, c’était par déficit stratégique, inadaptation à la mission (pas de cadre politique et juridique clair), et altération flagrante de la perception par les opinions publiques occidentales. Les Américains avaient beau avoir des norias d’hélicoptères, le New Jersey pouvait bien tirer des obus de marine, le hard power n’était que de peu de secours dans une poudrière comme Beyrouth. D’où l’idée qui germa alors dans mon esprit – de manière minuscule, un chef de section a, en la circonstance, bien d’autres chats à fouetter ! –d’engager peu à peu une réflexion sur le soft power, notamment en mettant en relief le jeu des idées dans les stratégies d’influence. La puissance de l’esprit et la force des idées sont toujours supérieures sur le long terme à la brutalité et l’actualité. Encore faut-il pouvoir penser le long terme… Lire la suite