11 avril 2013 – Science, raison et luttes d’influence

Publié le 11 avril 2013 par Bruno Racouchot

Ce n’est pas parce que l’on a raison scientifiquement  que l’on gagne nécessairement la bataille de l’opinion. Il semblerait bien que les luttes d’influence fassent plutôt pencher la balance en faveur des peurs irraisonnées qui minent nos sociétés. Dans son n° 304 d’avril 2013, la revue Science & pseudo-sciences ouvre ainsi un dossier décapant, en s’interrogeant : Science et raison : où est l’héritage des Lumières ? Comme le souligne l’éditorial, pour certains, « la science ne serait que source d’inquiétude et créerait plus de problèmes qu’elle n’en résout. Pire, elle serait un outil idéologique utilisé à des fins partisanes ou malveillantes. Décroissance, retour à une nature idéalisée, principe de précaution sont ainsi prônés par les détracteurs de cette science dont il faudrait se méfier. » En fait, « ce à quoi nous sommes confrontés ne relève pas de la précaution élémentaire qui doit accompagner toute entreprise humaine, mais d’une défiance quasi religieuse envers la science et la raison. » Or, si ces dernières veulent encore faire entendre leur voix, elles doivent impérativement intégrer la logique des stratégies d’influence dans leur démarche pédagogique.

Certes, l’argumentation rationnelle reste un exercice difficile. Et derrière le rejet de la science se profile souvent une critique sans nuance de la modernité. On assiste ainsi au ressurgissement de pensées « magiques », déconnectées du réel, qui exercent d’autant plus une influence sur les esprits simples qu’elles jouent sur toute la gamme des peurs et des utopies. Professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers, titulaire de la chaire d’Économie et gestion des services de santé, membre de l’Académie des technologies, Jean de Kervasdoué écrit : « L’Europe de l’Ouest en général et la France en particulier ont des atouts pour affronter les révolutions du 21e siècle, mais comment comprendre, au nom de croyances infondées, que l’on détruise les cartes que l’on a en main ? Pas de cellules souches, pas d’OGM, pas de gaz de schiste, moins de nucléaire, des réticences sur les nanotechnologies, une fiscalité de l’épargne en actions la plus lourde du monde, ce qui ne facilite pas la prise de risque… » Jean de Kervasdoué appelle ainsi à un sursaut salvateur « ceux qui croient encore en la primauté de la raison sur l’émotion dans les affaires publiques et les jugements approximatifs qui, comme les peurs et les mythes contemporains, n’apporteront que chômage et pauvreté. » Peut-être serait-il également opportun d’intégrer la dimension influence dans cette démarche, qui peut intelligemment marier raison et émotion…

Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence

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