12 mars 2013 – Les nouveaux visages de la guerre : réalités et perceptions

Publié le 12 mars 2013 par Bruno Racouchot

« Fin de la guerre ? Au contraire, poursuite de la guerre ? Ou tout simplement changement de la guerre ? Au fond, les trois perceptions sont justes et nous forcent à sortir d’une perspective traditionnellement occidentale. » En ouverture du dernier numéro de la Revue Défense Nationale, l’article d’Olivier Kempf, maître de conférences à Sciences Po, constitue une plate-forme simple, claire et solide pour réfléchir à la manière dont nous percevons et vivons l’évolution de la guerre (La guerre est morte, vive la guerre !). Violence et rapports de force ne s’exercent plus forcément selon les modèles archétypiques auxquels nous étions accoutumés. Pour atteindre leurs buts, les volontés de puissance à l’œuvre dans le monde choisissent souvent des modes opératoires de contournement, comme les nomme Olivier Kempf. La communication et l’influence peuvent alors être utilisées, soit pour masquer les fins que l’on poursuit, soit au contraire pour dévoiler et décrypter les nouvelles menaces. Olivier Kempf relève ainsi qu’un trait frappant de la guerre contemporaine réside en la volonté d’agir caché, voire anonymement. On comprend mieux dès lors l’importance des outils du soft power dans le smart power, et leur articulation subtile avec la logique du hard power.

Longtemps rétif à l’expression de « guerre économique », Olivier Kempf écrit aujourd’hui : « Guerre indirecte, guerre hybride, guerre contournée, cette ‘guerre économique’ est peut-être le nouveau terrain d’expression de la guerre traditionnelle, avec moins de violence directe. » C’est justement cette approche plus large du concept de guerre qui rend sa perception plus délicate et plus complexe. « Constatons que surgissent de multiples ‘réseaux’ qui, par leur structure même, sont parfaitement adaptés à la nouvelle réticulation du monde. Pirates, criminalité organisée, terroristes, firmes multinationales affiliées aux mafias et institutions bancaires abonnées aux paradis fiscaux, voici autant d’acteurs à la fois collectifs et privatisés qui contournent ou violent les règles et les lois. » Et Olivier Kempf de conclure : « Ainsi, la guerre a changé de nature. Elle n’obéit plus à l’art occidental de la guerre, westphalien dans l’ordre politique, technologique dans l’ordre militaire. Pourtant, malgré les réticences occidentales, elle demeure. Elle peut rester militaire mais elle sera aussi, voire d’abord, autre chose. Être stratège exige d’être lucide et donc de comprendre à la fois cette survie et cette mutation de la guerre. »  D’où l’importance, tant dans la sphère militaire que civile, économique que politique, de bien maîtriser les arcanes des stratégies d’influence et la logique de leurs modes opératoires.

Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence

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