07 janvier 2013 – Maîtrise des flux de données et des réseaux : et si l’Europe se donnait enfin les moyens de la puissance ?

Publié le 7 janvier 2013 par Bruno Racouchot

Dans une tribune très pertinente (Le Monde, 08/01/13), intitulée « Les données, puissance du futur », et portant en sous-titre « L’Europe reste à la traîne dans l’exploitation des données électroniques. Des géants étrangers dominent ce secteur stratégique et déterminant », deux universitaires et chercheurs français, Stéphane Grumbach et Stéphane Frénot, dressent un constat inquiétant pour l’influence de l’Europe dans le monde. En un temps où les données constituent la base de la société de l’information, notre faiblesse en ce domaine engendre une évidente asymétrie. L’Europe ne se réfère ainsi en ce domaine quasiment qu’à des sites américains. On sait le poids de Google ou de Facebook. Or, expliquent les auteurs, « nous disposons pourtant en France d’un moteur de recherche, Exalead, développé par Dassault Systèmes. Pourquoi ne fait-on pas de son développement une grande cause nationale ? »Si l’influence concerne les contenus et ne doit pas être confondue avec les contenants, il est cependant clair que si aucun « tuyau » ne relaye les messages, l’émetteur n’a pas de moyens de rayonner sur les cibles qu’il vise. Ainsi, quelle que puisse être la validité de nos productions et de nos connaissances, « il est peu probable que la voix de l’Europe puisse se faire entendre et qu’elle continue à façonner les grandes orientations de la société de l’information. » Et ils ajoutent : « Nos pays sont condamnés à un rôle subalterne, à la protection illusoire d’industries, dont les modèles sont en pleine évolution, et que nous sommes incapables de réinventer. Trois aspects fondamentaux font le succès des systèmes américains : la qualité de service, le génie des applications et la pertinence du modèle économique associé. » Saurons-nous trouver la parade ? Il faut pour cela au moins deux conditions : être réaliste et avoir une volonté politique. L’Europe fut longtemps le moteur des idées du monde. Si elle ne sort pas de sa torpeur, si elle ne se donne pas les moyens de sa puissance, alors elle perdra aussi jusqu’à son influence.

Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence

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