3 juin 2025 – Le management public à l’épreuve des réseaux : un symposium international intégrant dans sa réflexion la dimension influence de l’intelligence économique territoriale
Publié le 3 juin 2025 par Bruno Racouchot
Du 2 au 4 juin se tient à Paris un symposium international consacré au « management public à l’épreuve des réseaux ». Organisé sous l’égide du professeur Christophe Assens de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, avec l’appui d’EDC Paris Business School, cet événement offre des regards croisés sur les transformations de la gestion et des organisations publiques, émanant de nombreux spécialistes venus d’horizons différents. Or, on sait la place capitale qu’occupent les réseaux dans la dimension influence de l’intelligence économique territoriale. Le mérite de Christophe Assens et de ses collègues qui organisent et participent à ce symposium est d’ouvrir leur tribune à des experts qui, de par leurs approches complémentaires, permettent de mieux saisir les dynamiques à l’œuvre dans notre monde en mutation, avec une question centrale en fil d’Ariane : comment se dessine l’avenir du management public dans un monde de réseaux ?
La réflexion engagée par ce symposium se structure autour de quatre axes majeurs :
1/ Les réseaux à l’épreuve des valeurs de l’action publique.
Comme le constate Christophe Assens, les réseaux jouent un rôle de plus en plus important pour faire évoluer la démocratie, et donc le sens de l’action publique. De fait constate-t-il, « il existe une multitude de stratégies de réseau ayant pour but de conquérir le pouvoir exécutif (les réseaux en politique), d’influencer le pouvoir législatif (les réseaux de lobbying), de défendre une rente professionnelle (les réseaux corporatistes), de s’opposer au pouvoir en place (les réseaux de résistants), de développer une contre-culture (les réseaux clandestins) ». La dimension influence est donc patente et le rôle-clé joué par le droit en ce domaine mérite d’être mis en relief. On ne doit jamais perdre de vue que le droit se crée en réseau et que les activités juridiques s’exercent en réseau…
2/ Les réseaux à l’épreuve des structures organisationnelles prônées par le management public.
Ce second axe permet d’engager une réflexion en lien direct avec les besoins des territoires.
« Au contact immédiat des citoyens, les réseaux jouent déjà un rôle important dans l’alimentation, la santé, les transports, les services publics de proximité. À l’échelle des territoires, il convient de décentraliser l’action publique. À ce niveau local, on assiste alors à des rapprochements contre nature pour faire vivre le service public de proximité, entre des collectivités locales de bord politique différents […], entre des organismes publics et privés aux valeurs divergentes […] ». Dès lors surgissent des interrogations précises, qui portent sur le quotidien des populations. « Bien que ces structures organisationnelles dites partenariales servent la défense de l’intérêt commun dans des réseaux publics-privés et associatifs […], est-ce qu’elles permettent de concilier le bien commun d’un territoire avec le bien public d’un pays ? Quelles sont les formes organisationnelles susceptibles de prendre en considération la nécessité de gérer l’interdépendance des territoires pour garantir la continuité des réseaux de services publics (transport, énergie, télécommunication, santé), ou de valoriser les réseaux publics-privés de l’économie circulaire visant à rendre les territoires auto-suffisants dans la production et la consommation de ressources naturelles ? »…
3/ Les réseaux à l’épreuve des cadres formels et des pratiques administratives.
Partant d’un constat sur les comportements humains, les organisateurs posent la question suivante : « Les réseaux sont plus sensibles aux rumeurs et donc à la contagion par mimétisme. Dans ces conditions est-ce que le phénomène de mimétisme dans un réseau de fonctionnaires est toujours guidé par l’intérêt général ? » Le paramètre influence constitue alors un élément-clé pour comprendre les rapports de force qui peuvent alors de déployer. En effet, « dans l’administration, des luttes d’influence peuvent alors opposer des réseaux corporatistes souhaitant enfermer l’action publique dans le statu quo, face à des réseaux hybrides comportant des ramifications dans l’administration publique, dans la société civile, dans le secteur privé, pour mieux dynamiser avec un meilleur management de l’action publique »… D’où de multiples questions : « Les réseaux vont-ils avoir un impact à tous les niveaux dans les pratiques de l’administration ? Changeront-ils l’organisation du travail au sein des administrations et organismes publics ? Arriveront-ils à transformer, changer, faire évoluer les modes de consultation citoyenne pour un meilleur management public ? »
4/ Les réseaux à l’épreuve des outils et instruments du management public.
La question du numérique ne pouvait bien sûr pas être éludée. Car, de fait, la question des réseaux dans l’administration est concomitante avec l’apparition des outils digitaux, d’autant que ceux-ci favorisent la désintermédiation, la dématérialisation et l’interaction dans la relation entre l’administration et le citoyen. Comme l’écrit Christophe Assens, « la thématique choisie pour l’Édition 2025 du Symposium consacré aux réseaux en management public, prend le parti pris de discuter d’un changement de paradigme : des sociétés régies par des institutions hiérarchisées encadrées par des normes juridiques et animées par la culture de l’audit et du contrôle, vers des sociétés plus fluides tournées vers la construction de liens de collaborations horizontaux, encadrés par la confiance et animés par des normes techniques et des outils numériques. Comment est-il possible de concilier dans les collectivités, dans les régions, au niveau de l’État stratège […] dans les administrations et les organismes publics, l’ancien monde vertical avec le nouveau monde réticulaire ? »
Les lecteurs de Communication & Influence retrouveront avec bonheur dans ce symposium, nombre d’experts issus du monde l’intelligence économique et des questions d’influence. Alain Juillet, ancien Haut responsable à l’intelligence économique, intervient sur le thème « Qui ose gagne dans le nouvel ordre mondial ? ». Christian Harbulot, fondateur de l’Ecole de guerre économique, s’interroge, lui, sans craindre la polémique : « Pourquoi nos élites sont programmées pour la défaite ? »… L’IAE de Poitiers est bien représenté avec ses enseignants-chercheurs familiers des réseaux comme Nicolas Moinet, Christian Marcon, Olivier Coussi… On trouve aussi des praticiens de haut niveau de l’intelligence économique comme Philippe Clerc, président de l’Académie de l’Intelligence économique, ancien expert en prospective internationale à CCI France, et président de l’Association internationale francophone de l’intelligence économique. En décortiquant le programme des intervenants, force est de constater que la dimension internationale est bien mise en valeur dans ce symposium qui a su faire venir des experts du monde entier. Un coup de chapeau donc au professeur Christophe Assens et à ses équipes ! Et espérons, in fine, que les actes de cette rencontre de haut niveau seront bientôt publiés.
Pour en savoir plus :
https://www.christophe-assens.fr/conf%C3%A9rences/conf%C3%A9rence-management-public-2025/
et
Tags: Alain Juillet > Christian Harbulot > Christian Marcon > Christophe Assens > Communication & Influence > Ecole de Guerre Economique > EDC Paris Business School > EGE > IAE Poitiers > Le management public à l'épreuve des réseaux > Nicolas Moinet > Olivier Coussi > Philippe Clerc